• De singuliers lieux de convergence entre Melancholia et The Tree of life de Terrence Malick, somptueuses (comme il se doit) images de galaxies, de nébuleuses, de planètes (il ne manque plus que Strauss), grotesques reconstitutions numériques de dinosaures (une étrange scène où un lézard debout épargne un lézard à l'agonie dans dix centimètres d'eau), sans doute pour se distinguer des créationnistes, mais retour au panthéisme à toute vitesse, en l'abence d'un dieu (Eloï Eloï lama sabakhtani), ou en présence d'un vrai salaud, qui laisse mourir des enfants et la frustration et la violence s'installer dans les familles les plus propres, les plus pieuses, les plus fondamentalement tournées vers le ciel. Et on retrouve notre bon Job de l'Ancien Testament dans les épaules splendides de Brad Pitt, qui ne parvient pas à jouer le grand nigaud texan, même avec d'horribles culs-de-bouteilles. Ce mec irradie trop pour incarner le bon gars qui n'a pas compris ce qu'il avait fait de sa vie. De Lars von Trier à Terrence Malick, on regarde donc vers le ciel, les étoiles, les arbres, avec le sourire béat d'abord, avec rage ensuite, rien de bon finalement, là-haut. Mais surtout: chez les cathos du Texas, pas un seul livre. Regardez bien. Pas un. (Cinq minutes plus tard: si, un livre pour enfants, avec petites souris et petits lapins), sans doute parce que Le Livre du monde suffit. 


  • Melancholia lars von trier

    Pour ceux qui n'auraient pas encore vu ce film étrange, pictural, intimiste et cosmique, qui emprunte autant à Ivory qu'à Kubrick (mille autres citations cinématographiques par ailleurs dont Greenaway), je rappelle quelques éléments de scénario. Lors de son mariage fastueux, Justine (Kirsten Dunst) sent assez vite son esprit décrocher et son âme descendre au plus profond de la mélancolie et de la dépression. L'ensemble de ses amis et relations professionnelles assiste à sa chute intérieure, profonde, dense, deep in the dark, sans vraiment tenter quoi que ce soit pour freiner cette auto-desctruction. Sa mère l'abandonne, elle-même en proie à un désespoir sans nom, son père joue l'innocence, seule sa soeur Claire (Charlotte Gainsbourg), qui l'aime autant qu'elle la hait, l'aide à revenir (un peu) à la surface. Cette lente agonie psychique se fait dans le contexte particulier, typique des films-catastrophe, du croisement à risque de la trajectoire d'une planète en décrochage et de l'orbite terrestre. La seconde partie du film et le final se font sous la pression de ce globe bleu qu'on voit s'élever, de plus en plus vaste, à l'horizon...


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    Allusion transparente, je pense, à l'étrange appel final du candidat Sarkozy, que les journalistes présentent comme une tradition ancienne chez lui. N'étant pas adepte, c'est la première fois que je l'entends sur ce ton-là, associé à une demande de Vérité, de même que le fanatisme surjoué des militants, dans un hurlement collectif dont je n'ai guère apprécié le frisson. Ce n'était pas cris de spectateurs enthousiastes, c'était vociférations parfaitement ordonnées, précises, guerrières. On peut bien entendu discuter, grammaticalement parlant, le "aussi" final, où l'on aurait attendu un "non plus". Mais quelque chose, typographiquement, s'y opposait. Je maintiens donc.


  • Pur moment